Les géants industriels de l’alimentaire fournissent aujourd’hui 80% de ce que nous consommons chaque jour. Et ils ont bien compris une chose : le sucre a un effet addictif sur l’homme.
Dès notre naissance, la reconnaissance de la saveur sucrée est innée chez l’homme. Nous sommes programmés pour détecter les calories utiles à notre survie et le sucre est un indicateur fort pour notre cerveau qui y détecte immédiatement la présence d’énergie nécessaire à notre métabolisme.
Les dernières décennies ont vu une modification profonde de notre alimentation. Les grands industriels ont remplacé nos grands-mères et ont petit à petit créé des plats et des recettes qui nous rendent accrocs. Cette nourriture, grasse, salée et sucrée est nocive pour notre santé et pourtant nous l’adorons ! 3 milliards d’euros sont investis par ces grandes firmes pour analyser nos goûts et nous offrir des produits « palatables », des produits hypersavoureux à la texture et au goût parfait.
Et ce qui nous rend le plus accroc dans ces plats tout faits, préparés, qui nous simplifient la vie, c’est le sucre ! D’une consommation de 5kg/an/personne en 1813, nous sommes arrivés aujourd’hui à 50kg/an/personne.
Dès notre plus jeune âge, notre corps s’est habitué à consommer énormément de sucre. Une très grande majorité de produits pour bébé contiennent du sucre tels que les petits pots aux légumes si bons pour nos chérubins. Côté adulte, trouver un plat préparé ne contenant pas de sucre relève du parcours du combattant. Faites l’expérience de l’étude des étiquettes des produits de la grande distribution. En moyenne, 50 ingrédients font partie de la recette et vous trouverez la majorité des fois du sucre dans toutes les recettes. Angélique Houlbert, nutritionniste au Mans, donne des cours de lecture d’étiquette pour nous alerter sur ce que nous mangeons. Le sucre fait tout passer car nous l’aimons naturellement. Par conséquent, les grands industriels alimentaires en mettent dans toutes les recettes ! Ajoutez-vous du sucre dans votre vinaigrette ? Et pourtant, si vous lisez l’étiquette d’une boite de carottes râpées, vous verrez qu’on y ajoute régulièrement du sirop de glucose…
L’industrie agro-alimentaire a repéré ce qui nous rend accrocs. Et vous remarquerez que l’on a fait la guerre au gras depuis des années tout en laissant le sucre intégrer tous nos plats. Notre consommation mondiale de sucre a ainsi triplé en 30 ans.
Deux études scientifiques montrent le rapport addictif que l’être humain a avec le sucre :
Une IRM en buvant un milk shake : l’idée est d’observer les réactions de notre cerveau à l’absorption de sucre. On place un sujet dans un IRM et on étudie l’imagerie cérébrale pendant qu’il boit son milk shake. On observe alors une activation de la « zone de récompense » à chaque gorgée. Chez les outre-mangeurs addictifs (accrocs à la nourriture), les zones de récompense s’activent beaucoup plus et l’on distingue ainsi l’effet du sucre sur notre cerveau qui fait qu’à terme, nous ne pouvons plus nous en passer. Certains outre-mangeurs préfèrent ainsi le plaisir de la nourriture au plaisir de faire l’amour…
L’étude la plus surprenante est certainement celle réalisée par l’équipe de recherche bordelaise du CNRS : dans le cadre d’une étude sur l’addiction à la cocaïne, les rats se voyaient injectés une dose quotidienne de cocaïne. Ils ont ensuite donné le choix aux rats entre une boisson gazeuse sucrée et une injection de cocaïne. Petit à petit, jour après jour, et à la grande surprise des scientifiques, la majorité des rats ont choisi la boisson gazeuse et se sont détournés de la cocaïne. Cela montre bien l’effet addictif du sucre sur notre organisme. Concentré à forte dose dans nos plats de tous les jours, il crée une décharge dans notre cerveau en nous procurant un fort plaisir.
Le problème, c’est que cette surdose de sucre dans notre alimentation amène une évolution majeure des maladies chroniques : diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires, etc…
Le coût pour la société est en constante augmentation et le retour à une nourriture saine est devenue un enjeu politique dont Michelle Obama en a fait son cheval de bataille : retour de la gymnastique à l’école et modification de l’alimentation au sein des cantines scolaires. Quand on sait que le coût de traitement de ces maladies chroniques s’élevait à 147 milliards de dollars en 2008 aux USA, on comprend mieux pourquoi le Danemark par exemple, taxe les produits trop gras et trop sucrés, que la France a choisi de taxer les boissons sucrées (240 millions d’euros de rentrées pour l’Etat) ou encore que la Commission Européenne a décidé de rendre plus visibles les teneurs en sel, sucre et acides gras sur nos produits de consommation courante. La pression des lobbys agro-alimentaires n’a pas permis de mettre en place un système de couleur (rouge=abus, orange=dose trop importante, vert=dose normale) plus compréhensible pour le consommateur mais un système beaucoup moins visible et lisible. Mais il est intéressant de voir que ce système visuel et coloré d’information des teneurs en sel, sucre et acides gras existe malgré tout, sur base volontaire, en Allemagne, au Portugal, en Espagne.
Les géants de l’alimentation ne souhaitent bien évidemment pas que nous soyons au courant de la vraie teneur de l’ensemble des produits qu’ils nous vendent. Les géants de l’industrie pharmaceutique ne leur en voudront pas, cela leur permettant de mettre sur le marché des médicaments pour soigner ces maladies chroniques.
Mais si au lieu d’enrichir ces deux géants de l’industrie mondiale, nous enrichissions notre corps avec des produits plus sains ?
Quand on sait qu’il y a aujourd’hui dans le monde plus de personnes en surpoids que de personnes en mal ou sous-nutrition, le débat se pose…